Le 3 septembre 1936, le Roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu est pendu. Un crime de lèse-majesté perpétré par l’administration coloniale belge.
En 1908, c’est la fin de l’Etat Indépendant du Congo, c-à-d la fin de la possession personnelle de Léopold II de « son jardin privé » le Congo. Le pays devient alors le Congo belge, que l’administration considère cependant toujours comme sa propriété privée.
Malgré tout ce que cela implique, notre aïeul demeurera remarquable et respecté tant par sa communauté que par les administrateurs qui verront vite d’un très mauvais œil l’ampleur de sa grandeur. Les limites du royaume Songye, à l’époque, sont fixées au sud par les territoires de Bakwanga et de Gandajika et à l’ouest par la province de Kananga. Son Grand Chef est un homme éloquent et ambitieux. Un roi qui était non des moindres : éduqué à l’école belge au Bas-Congo, il est sans complexe sous l’occupation coloniale. Il s’exprimait aisément dans la langue des colons, il était en avance sur son temps et désireux de préserver la force de son pouvoir. Plus tôt en 1926, il reçoit même une épée d’honneur du Prince Léopold lorsque ce dernier vient à Kabinda. Le Roi était distingué à tous les niveaux jusqu’à son accoutrement selon les belges qui parlent de « statussymbol ».
Vient le jour où le Roi ne supporte plus le poids de l’administration belge et demande l’autonomisation de son peuple. En effet, il avait déjà ce goût d’indépendance. En ce temps-là, via son réseau, il fait parvenir une correspondance au Roi Albert 1er, dans laquelle il fait part de son désir mais avant tout il rapporte son mécontentement par rapport au non- paiement des employés à l’Étoile belge qui est connu aujourd’hui comme la Gécamines malgré les bons rendements et bénéfices qu’ils produisaient.
Bien évidemment, les colonies rapportaient énormément et ont permis d’industrialiser et enrichir le nord donc comment envisager de se départir d’une main d’œuvre si rentable!? On peut encore le constater aujourd’hui, l’apport de l’Afrique à l’Occident reste non négligeable malgré son manque d’industrialisation ou pour cause… !
La correspondance entre les Rois sera rapportée à l’administrateur. Peu de temps après de fausses accusations seront imputées au Roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu, elles entraîneront sa mort et la déstructuration de tout ce qu’il aura accompli. Destruction de sa maison en étage, confiscation de ses biens, disparition de ses avoirs, dislocation de son royaume qui sera fragilisé, dissémination de sa famille qui demande réparation jusqu’aujourd’hui. Malgré les enquêtes ultérieures desquelles ressortira une note confidentielle rédigée le 4 octobre 1959 par le Commissaire du District De Mattellaert qui prouvait l’innocence du Roi, aucune action ne sera posée pour le réhabiliter.
Le Roi Philippe de passage au Congo fait part de ses regrets et parle de réparation. Mais est-ce vraiment suffisant? La Commission Vérité Réparation a, dès le départ, montré ses failles en Belgique et n’a pas accompli ces promesses si ce n’est offrir des mots pour occulter les maux. Que justice soit rendue, le souhait de la grande famille LUMPUNGU.
Ndalamumba Ytal bena Lumpungu