Vidiye Tshimanga, ancien «conseiller spécial» auprès du président de la RDC Félix Tshisekedi, a été auditionné et placé en détention. Il avait précipitamment annoncé sa démission suite à des soupçons de corruption révélés par «Le Temps»
Un proche conseiller du président de la République démocratique du Congo, soupçonné de corruption et de trafic d’influence, a été conduit mercredi soir en prison, après plusieurs heures d’audition au parquet, a constaté à Kinshasa une journaliste de l’AFP. Vidiye Tshimanga Tshipanda «a été placé sous mandat d’arrêt provisoire. Il a été conduit à Makala», la grande prison de la capitale, a précisé à l’AFP un de ses avocats, Me Théodore Ngoy.
Après un peu plus de sept heures d’audition, Vidiye Tshimanga a été escorté par deux jeeps de la police, en présence d’une centaine de ses soutiens qui tentaient de protester dans l’enceinte du parquet général près de la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe où il avait été convoqué. L’audition de Vidiye Tshimanga a tourné autour de «la vidéo montée et orientée avec des présumés investisseurs qui a circulé sur les réseaux sociaux», a ajouté Me Ngoy.
Caméra cachée
L’avocat faisait allusion à la diffusion jeudi par Le Temps, en partenariat avec le consortium de journalistes d’investigation OCCRP (Organized crime and corruption reporting project), d’une enquête basée sur des enregistrements en caméra cachée de conversations entre Vidiye Tshimanga et deux mystérieux «investisseurs» dans le secteur minier. «Si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent, en travaillant», déclarait, en anglais, le conseiller, en promettant à ses interlocuteurs de «protéger» leur investissement.
Vidiye Tshimanga, qui a depuis démissionné de son poste de «conseiller spécial (de Félix Tshisekedi) en charge des questions stratégiques», insistait par ailleurs sur sa proximité avec le président, indiquant notamment avoir participé au financement de sa campagne électorale en 2018. «Si je demande (au président) quelque chose, il donne… Moi, c’est le président…», disait-il.
«L’instruction va se poursuivre», mais «nous savons que les faits n’existent pas, des éléments constitutifs de corruption n’existent pas», a assuré Me Ngoy. Immense pays d’Afrique centrale très riche en ressources naturelles, la RDC est perçue comme l’un des pays les plus corrompus au monde, occupant la 169e place sur 180 dans le classement de Transparency International.
LE TEMPS/AFP